Voici le premier chapitre :END
Chicago (Amérique)
Vendredi 14/01/2000
1
Assise devant son bureau des locos du plus célèbre laboratoire des Etats-Unis, New Labs, Miranda regardait par la fenêtre, rêveuse, les flocons de neiges tournoyer puis s’écraser au sol et venant s’ajouter à la couche neigeuse déjà imposante sur la chaussée.
Cinq jours que la neige avait commencée sa lente descente des nuages et Miranda était encore et toujours coincée dans ce bureau.
Une pensée la tourmentait et elle ne parvenait pas à trouver la solution. Cette pensée la ramenait à une recherche qu’elle effectuait avec son coéquipier, à propos d’une espèce de virus qui sévissait dans la région de l’Ecosse. Pour dire vrai, son esprit n’était à ce moment pas occupé par ce virus qui faisait chaque jour des dizaines et des dizaines de contaminés mais bien par le beau visage séduisant de son coéquipier. Elle tentait pourtant de ne pas y penser mais c’était plus fort qu’elle. Mark Philias avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus était l’homme rêvé bien qu’elle tentait de résister à son charme.
Et voilà, le virus s’était évanouit et son esprit l’avait à présent remplacé par le séduisant visage de son coéquipier.
Quelqu’un s’approcha de son bureau, en fit le tour et dit en posant la main sur son épaule :
- Miranda ! Alors, où en es-tu sur le projet ?
Miranda sortit de ses pensées. Elle rougit immédiatement de sa dernière pensée même si Philias ne pouvait que l’ignorer. Un peu honteuse d’elle-
Même elle lui répondit :
- Heu… Je… Je n’ai pas beaucoup avancé mais ne t’inquiètes pas il suffit d’être patiente…
Le projet AW06RD était en fait un nom de code pour désigner justement
la recherche qui avait fait le sujet de la première pensée de Miranda, c’est-à-dire ce virus qui avait affecté plusieurs centaines de personnes au mois de décembre dernier en Ecosse. Les chercheurs de Glasgow avaient faits des échantillons de sang qu’ils avaient ensuite analysé mais n’ayant rien trouvé d’anormal ils avaient laissé tomber.Voyant que le virus continuait à faire des ravages plusieurs semaines après cette annonce ils avaient décidés de passer cette affaire à un laboratoire plus compétent et mieux équipé, le New Labs à Chicago. C’est ainsi que ce dossier avait terminé entre les mains de Miranda et son cher collègue.
- Et toi ? lui demanda t-elle ensuite, où en es-tu ?
Philias s’assit dans le fauteuil en face de son bureau, se passa une main sur le front en faisant mine d’être exténué, et lâcha d’une voix monocorde :
- Je n’y comprends rien. C’est du vrai charabia, toutes ces molécules je n’y vois aucunes anomalies. A croire que ce virus se joue de nous en nous faisant une partie de cache-cache.
- Je commence à comprendre pourquoi ces chercheurs écossais nous l’ont passé ce projet. Ils doivent être ravi d’en être débarrassé maintenant.
Mark approuva d’un signe de la tête.
Une mèche de cheveux blonds tomba alors sur le visage de son coéquipier et comme il la relevait, celle-ci retourna sur son petit nuage de nouveau sous le charme.
Mark avait 32 ans, exactement le même âge qu’elle mais la dépassant en taille de quelques dix centimètres, il était très séduisant avec un regard qui vous transperçait sur place et ne pouvait vous laisser de marbre et la mèche de cheveux blonds qui lui tombait sur le front tout le temps ne faisait qu’accentuer l’admiration de toutes –et même de tous- pour lui.
Chaque fois qu’il passait dans les couloirs, toutes les jeunes femmes se retournaient en gloussant sur son passage.
Miranda se remémora toutes les tentatives des jeunes femmes, et en particulier de cette pimbêche d’Angelina Wilson, tous les essais qu’elles avaient tentées pour séduire Mark Philias. Tous étaient tombés à l’eau.
Miranda étouffa un rire nerveux à ce souvenir. Le dernier en date était que Angelina Wilson, la plus entreprenante de toutes, avait achetée une robe extrêmement coûteuse dans un magasin chic des beaux quartiers de Chicago. Elle s’était trouvée ridicule lorsqu’elle avait comprit que cela n’avait pas attiré plus d’attention de la part de Mark que s’il s’était agi d’un haillon et avait été obligée de la revendre à perte. Quel gâchis !
Quant à lui, qui avait finalement pris le parti d’ignorer tout ça, n’était pas sans ignorer qu’il plaisait un peu, peut-être pas beaucoup mais au moins un peu, à Miranda.
Celui-ci sentit alors une grosse main, telle une patte d’ours lui tapoter l’épaule. Il la reconnut comme celle de son patron.
- Alors on fainéante ? On se repose sur ses lauriers à ce que je vois.
Les deux coéquipiers bondirent immédiatement sur leurs pieds, tel piqués par des serpents à sonnettes où comme si on venait de leur annoncer l’invasion imminente des extraterrestres sur la planète. Le serpent ou les extraterrestres étant bien entendu leur patron.
- Nous… non bien sûr que non… nous réfléchissions simplement sur…tenta d’expliquer Mark Philias.
- Alors Philias, vous en avez parlé à Mlle Ross ?
Mark mis quelques secondes à se connecter sur la même longueur d’onde que son patron, expert apparemment des brusques changements de conversation.
- J’étais sur le point de le faire monsieur.
Ce qui n’était pas totalement vrai pour la bonne raison que ça lui était complètement sorti de la tête.
- Me parler de quoi ? s’enquit Miranda.
Le directeur de New Labs, Mr Brotman se tu un instant puis continua de la même voix posée :
- Eh bien voilà. Vous travaillez à présent sur deux projets, n’est ce pas ?
Miranda acquiesça.
- J’ai émis l’hypothèse à votre collègue, qui apparemment avait oublié de vous en parler, d’abandonner l’un des deux. Cela vous permettrai de mieux approfondir celui que vous choisiriez.
- Personnellement, je vous conseillerais le projet sur les activités internes de la Terre mais…
- Mais ?...
- Car je pense que l’autre n’apportera rien de nouveau que nous n’ayons déjà mais…
- Pourquoi avez-vous accepté de vous en occuper alors ? Vous n’aviez qu’à refuser, un autre laboratoire s’en serait occupé, répliqua Miranda.
Monsieur Brotman lui lança un regard furieux et continua.
- Bref, ne vous inquiétez pas pour celui restant, je le donnerai à un autre groupe. Alors ?
Miranda allait de nouveau répliquer « alors quoi ? » mais Mark fut le plus rapide.
- Nous choisissons celui sur ce virus écossais. Vous avez peut-être raison et peut-être ne mènera t-il nulle part mais cela vaut le coup d’essayer. Tu es d’accord, Miranda ? ajouta t-il en se tournant vers elle et lui intimant silencieusement de ne pas répondre trop abruptement à leur patron.
- Je suis d’accord.
Sa voix s’était légèrement adoucit.
- Bien, décréta Monsieur Brotman en se retournant vers la porte et en s’apprêtant à sortir. Je vais confier l’autre à un autre groupe. Je vous souhaite bien du bonheur sur celui-ci.
La porte se referma après lui. Miranda se rassit sur sa chaise pivotante, l’air soudain plus calme.
- J’ignore pourquoi mais dès qu’il arrive je me sens stressée.
Puis s’adressant à son coéquipier :
- Es-tu sûr que nous avons fais le bon choix ?
- Bien sûr. Ce qui compte c’est que nous tenons tous deux à ce projet. Tu verras dans deux semaines, il aura notre dossier sur son bureau.
C’est à ce moment que les douze coups de la pendule du bureau près de la fenêtre se mirent à retentir. Tous deux se levèrent et se rendirent à la cafétéria.